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Françoise Grolleau – B2 – Interview

Françoise Grolleau, la professeur d’université en neurosciences et vice-présidente aux relations internationales à l’université d’Angers est notre invité dans ce numéro.
Elle nous parlera du Centre de Langue Française pour Étrangers (CeLFE) à l’université d’Angers (UA).

–Bonjour Madame Grolleau. Je vous remercie d’avoir accepté à participer à cette interview.

Bonjour Milad. Je suis contente de vous avoir rencontré.

–Pourriez-vous nous parler du CeLFE et ses objectifs ?
Oui, en fait, leCeLFE a pour mission première de former au français les étudiants primo-arrivants avant qu’ils n’intègrent une spécialité en Licence ou en Master à l’UA. Le CeLFE propose aussi des compléments de formation à un diplôme de l’UA, pour celles et ceux qui sont en attente d’un perfectionnement de leur niveau en langue française (étudiants d’échanges, hors-échanges, doctorants). Plus ponctuellement, des formules de stages intensifs de langue et de culture française sur 3 ou 4 semaines sont proposées par le CeLFE à la demande des partenaires de l’UA à l’étranger.
–Si j’ai bien compris, même les personnes sans aucune connaissance théorique du français, pourraient participer à ce programme ?
D’un point du vue méthodologique, le CeLFE fonctionne par niveaux de langue qui s’étendent de A1 à C1 et qui sont définis selon le Cadre Européen Commun de Référence en Langue (CECRL). Pour chaque niveau, des cours sont dispensés pour répondre à des objectifs à la fois communicatifs, linguistiques et culturels en travaillant quatre compétences : la compréhension orale, la compréhension écrite, la production orale et la production écrite, et en apportant les outils linguistiques nécessaires (i.e. morphosyntaxe, lexique, phonétique).
Le CeLFE diversifie ses outils de travail et adapte ses référentiels pédagogiques à chaque type et niveau de cours en suivant les prescriptions du CECRL et en tenant compte du public cible et de la finalité de leur formation, diplômante (DUEF) ou non diplômante (cours RI pour étudiants internationaux).

L’offre de formation du CeLFE peut évoluer pour s’adapter à un nouveau public apprenant comme ce fut le cas en janvier 2015 au moment de l’afflux des réfugiés. Certains d’entre eux sont en capacité de reprendre leurs études en France à condition de parfaire leur niveau de langue. En réponse aux sollicitations des associations locales et du Collectif Universitaire des Demandeurs d’Accueil et des Réfugiés, le CeLFE a donc créé des ateliers Passerelle en vue de faciliter une intégration soit au DUEF, soit directement à l’université. Les expériences antérieures des enseignants ont facilité la compréhension de ce nouveau public, et ont permis de mettre en place un référentiel de cours adapté à leurs besoins.

–Le principal objectif de ce programme est de la capacité linguistique des non francophones?
Oui, exactement, la mission principale du CeLFE est de former les étudiants non francophones de l’Université d’Angers afin qu’ils acquièrent un niveau en langue française suffisant pour leur réussite universitaire.
Or un niveau en langue générale – même B2, le niveau de langue minimum exigé pour intégrer une université française – ne garantit pas la réussite dans l’enseignement supérieur de ces étudiants étrangers et, qui plus est, l’obtention d’un diplôme. La poursuite d’études et l’intégration dans notre système académique – parfois très éloigné du leur – sont en définitive conditionnées par la maîtrise de trois ensembles de compétences :
1. Ces étudiants doivent acquérir une solide connaissance linguistique et notamment lexicale dans leur domaine de spécialité afin de maîtriser les discours de leur discipline.
2. Ils doivent s’adapter aux méthodes pédagogiques de la discipline choisie; la plupart des savoir-faire est transversal (prendre des notes, faire un exposé oral, rédiger un dossier aux normes universitaires…), mais d’autres sont très spécifiques et disciplinaires (rédiger un commentaire d’arrêt, écrire une dissertation littéraire…) et ne peuvent être travaillés qu’avec des groupes constitués d’étudiants de cette spécialité et à la demande des composantes.
3. Ils doivent maîtriser les codes et les implicites culturels pour comprendre le fonctionnement de l’enseignement supérieur, adapter leur comportement au contexte universitaire et répondre in fine aux attentes des enseignants.

Au sein du DUEF, des cours de méthodologie du travail universitaire (MTU) sont proposés aux trois niveaux supérieurs entre B1 et B2.
• Au niveau B1.2, 20h sont accordées aux stratégies de compréhension et d’analyse d’un article pour le présenter dans un exposé oral et aux techniques de prise de notes.
• Au niveau B2, la recherche documentaire et la rédaction d’un dossier selon les normes universitaires sont les objectifs principaux des 25h de ce cours.
• Au niveau B2+, les 45h de cours de MTU dispensées s’attachent à développer dans un premier temps une compétence rédactionnelle de niveau académique et dans un second temps la compréhension des cours magistraux. Lors de ce semestre de B2+, les étudiants sont amenés à observer une dizaine d’heures de cours en UFR de leur future spécialité afin de se familiariser aux discours magistraux et au savoir-être attendu. Un travail sur les consignes et les modalités de passation d’examen – première source d’échec des étudiants étrangers dans nos cursus – est aussi effectué.

Toutes ces compétences en français sur objectif universitaire (FOU) sont évaluées en contrôle continu et en contrôle terminal. De fait, l’obtention d’un DUEF à Angers comme dans les 40 universités membres de l’Association des Directeurs de Centres Universitaires d’Etudes Françaises pour Etrangers (ADCUEFE) garantit à la fois la préparation linguistique, méthodologique et culturelle des étudiants et leur capacité à intégrer et poursuivre un cursus en français, ce à quoi un diplôme de niveau B2 de Diplôme d’études de langue française (DELF) ne peut prétendre. L’examen du DELF valide en effet exclusivement une connaissance générale de la langue et non une formation.

–Alors j’ai vécu plusieurs années en Suisse et actuellement comme l’enseignant du français, j’essaie de transmettre la culture da la langue cible à mes apprenants. Dans le cadre de ce programme, vous parler de l’accompagnement cultuel, de quoi s’agit-il ?
L’enseignement d’une langue ne peut être dissociée de la/les culture(s) à laquelle elle est rattachée. Des cours de cultures française et francophone permettent aux apprenants de découvrir la France, la vie quotidienne des Français, la vie locale angevine et les institutions françaises. Ces cours sont mis en relief par des visites à Angers dans des entreprises, des collectivités ou des associations locales.
L’apprentissage de la langue ne se fait pas seulement dans la classe mais surtout dans la vie réelle. Le CeLFE met en place des projets pour permettre aux étudiants d’aller à la rencontre des Français : échange avec des personnes âgées dans des maisons de retraite, rencontre avec des lycéens, contact avec des étudiants français. La dimension interculturelle est essentielle. Si faire tomber la barrière de la langue, c’est éviter l’isolement, apprendre une langue c’est découvrir une autre manière de penser et de vivre, c’est aussi pouvoir accéder à une autre société.
Depuis 2017, grâce à la modification des maquettes du DUEF, des options thématiques sont dorénavant proposées aux étudiants : médias, théâtre, chansons, BD, cinéma, modes de vie alternatifs. La langue française est pratiquée sous une autre forme à travers des projets notamment artistiques (pièce de théâtre, planches de bande-dessinées, journaux) et la créativité des étudiants est mise en valeur.

–Je vous remercie encore une fois pour votre participation.

Par : Milad Asemipour

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