Les nez
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Ma femme

در مسیر آموزش زبان فرانسه، قابلیت درک شفاهی زبان فرانسوی یا (compréhension orale)  یکی از مهمترین مواردی است که زبان آموزان زبان فرانسوی، می بایست بر روی آن کار کنند.

ما با استفاده از متدهای به روز آموزش زبان فرانسه، شما عزیزان را در آموزش آنلاین زبان فرانسه همراهی خواهیم کرد.

در این سر فصل داستان های ساده صوتی را برای شما آماده کرده ایم. ابتدا سعی کنید دو مرتبه  این داستان صوتی فرانسوی را بدون نگاه کردن به متن گوش کنید.

 

 

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سپس به فهرست لغات مهم این داستان که در ادامه می آید مراجعه کرده تا با لغات فرانسوی جدید این داستان آشنا شوید

 

Jadis : Ce terme est ancien. Il signifie « auparavant, il y a longtemps, »

Remuait des souvenirs* : Il s’agit du verbe « remuer » conjugué à l’imparfait. « Remuer des souvenirs » signifie « parler dans une conversation d’événements passés plus ou moins oubliés »

Font frémir le cœur : L’expression « faire frémir » signifie « faire trembler, faire palpiter le cœur »

Fillettes : Une fillette est une jeune fille.

On tombe là-dedans : L’expression « tomber dedans » fait ici référence au mariage. Elle signifie que le mariage est une voie qui nous attire de manière inévitable, évidente.

était bien décidé : Il s’agit du verbe « être décidé à » conjugué à l’imparfait qui signifie « être déterminé, résolu ».

V’lan : c’est une interjection. Elle exprime une action subite, rapide.

Certes : cet adverbe est surtout utilisé en littérature. Il signifie « certainement », « bien sûr ».

Malgré moi* : Malgré signifie « contre la volonté d’une personne ». Malgré moi veut donc dire « contre ma volonté, contre mon avis, contre mon opinion »

Allons donc : il s’agit d’une interjection qui exprime le doute, l’étonnement.

L’aventure* : une aventure est une suite de péripéties et de rebondissements.

Insipide* : l’adjectif insipide signifie « fade, sans saveur, sans goût ». Dans le texte, il a un sens figuré, il signifie « sans intérêt, banal, ennuyeux ».

La noce* : Une noce est la cérémonie du mariage.

avait accouplé : il s’agit du verbe « accoupler » conjugué au plus-que-parfait. Il signifie « mettre par deux, former un couple. »

En retraite : « en retraite » caractérise une personne qui a arrêté de travailler, qui a quitté la vie active, la vie professionnelle.

Hardie : l’adjectif « hardi » caractérise une personne qui ose agir, qui ne se laisse pas intimider ni par la situation ni par les autres.

Verbeuse : l’adjectif « verbeux » caractérise une personne bavarde, c’est-à-dire qui parle beaucoup, qui utilise beaucoup de mots pour dire très peu de choses.

Accapara : il s’agit du verbe « accaparer » conjugué au passé-simple. Il signifie « retenir, garder une personne entièrement pour soi, monopoliser une personne. »

Bon gré mal gré : cette expression signifie « qu’on le veuille ou non », autrement dit « en dépit de sa volonté », « malgré soi ».

Assomma : il s’agit du verbe « assommer » conjugué au passé-simple. Dans le texte, il est utilisé au registre familier, il signifie « déranger, importuner quelqu’un »

Je file : il s’agit du verbe « filer » conjugué au présent. Dans le texte, il est utilisé au registre familier pour dire « s’en aller, partir ».

Champêtre : cet adjectif caractérise un paysage « rural », « bucolique ».

Rustres : l’adjectif « rustre » caractérise une personne grossière et brutale.

Rustaudes : l’adjectif « rustaud » caractérise une personne qui n’a pas d’éducation, qui est grossière, maladroite.

Frêle : l’adjectif « frêle » caractérise une personne fragile, délicate.

Déchirée : le participe passé « déchiré » signifie « mettre en pièces, mettre en morceaux ».

Déchaînées : le participe passé « déchaîné » signifie « excité, exalté, débridé, enflammé. »

En lambeaux : « en lambeaux » signifie « en pièces, en fragment, en morceaux ».

Éparpillées : Le participe passé « éparpillé » signifie « dispersé, disséminé »

Barriques* : une barrique est un tonneau en bois qui conserve ou transporte des liquides (vin, cidre, bière…)

Torches : une torche est un flambeau que l’on utilise pour s’éclairer.

Flambante : l’adjectif flambant caractérise une chose qui flambe, qui brûle.

Rincer : le verbe « rincer » signifie « nettoyer à l’eau ».

Un baquet : il s’agit d’un ancien terme. Un baquet est un récipient en bois plus large que haut (un demi-tonneau) utilisé pour laver le linge ou la vaisselle.

Assoiffés : l’adjectif « assoiffé » caractérise une personne qui a soif.

En sueurs : la sueur est la transpiration. Une personne qui est en sueur est une personne qui transpire.

A grands flots : cet adverbe signifie « abondamment ».

Futailles : une futaille est un tonneau.

Ces réjouissances : une réjouissance est une fête, une distraction, un amusement.

J’étais gris* : il s’agit de l’expression « être gris » conjuguée à l’imparfait. Elle signifie « être légèrement ivre ».

Essoufflée : le participe passé « essoufflé » signifie « qui n’a plus de souffle, qui a des difficultés à respirer. »

Éperdument : cet adverbe signifie « violemment, follement ».

Haleine : L’haleine est l’air qui sort de nos poumons et que l’on expire par la bouche.

Gaillarde : une gaillarde est une femme forte, solide.

Les gars : ce terme est familier, il signifie « jeune homme, garçon ».

Pochard* : ce terme est familier. Il signifie « ivrogne ».

Le vestibule : Le vestibule est la pièce par laquelle on entre dans une maison, cette pièce permet d’accéder aux autres pièces de la maison.

Choir : Ce verbe signifie « chuter, tomber, dégringoler. »

Les degrés : un degré a plusieurs significations. Dans le texte, il signifie « une marche d’escalier ».

J’évitai : il s’agit du verbe « éviter » conjugué au passé-simple. Il signifie « faire en sorte de ne pas heurter, de passer à côté de quelque chose ».

Une dégringolade : une dégringolade est une chute.

Je m’aventurai* : il s’agit du verbe pronominal « s’aventurer » conjugué au passé-simple. Il signifie « oser, s’engager, courir des risques ».

Le corridor : le corridor est un couloir qui permet d’accéder aux différentes pièce d’un étage.

En tâtant* : il s’agit du gérondif du verbe « tâter ». Il signifie « toucher attentivement avec la main, pour explorer, reconnaître quelque chose ».

Les murailles : une muraille est un mur très haut.

Un vertige* : un vertige est un trouble qui provoque chez une personne la perte de contrôle de son corps dans l’espace.

Cloison : une cloison est une séparation, une paroi plus légère que le mur, qui limite les pièces d’une maison.

Longer : ce verbe signifie « aller le long de quelque chose », « suivre un chemin ».

Je heurtai : il s’agit du verbe « heurter » qui signifie « toucher brusquement quelque chose, cogner quelque chose. »

M’obstiner : il s’agit du verbe pronominal « s’obstiner » qui signifie « persister dans son idée, s’entêter ».

Dévêtir : ce verbe signifie « enlever, ôter ses vêtements ».

J’y renonçai : Il s’agit du verbe « renoncer à quelque chose ». Il est conjugué au passé-simple. Il signifie « abandonner volontairement quelque chose.

Je déboutonnai : il s’agit du verbe « déboutonner » conjugué au passé-simple. Il signifie « enlever les boutons d’un vêtement ».

Mes bottines : une bottine est une chaussure qui monte jusqu’à la cheville.

Je desserrai : il s’agit du verbe « desserrer » conjugué au passé-simple. Il signifie « relâcher, détendre ce qui est serré ».

Paresseuse : l’adjectif « paresseux » caractérise une personne qui aime ne rien faire, qui cherche à ne rien faire, une personne fainéante.

Éperdu : l’adjectif éperdu signifie “ému”, “bouleversé”. Il caractérise une personne qui ressent une vive émotion.

Je me gardai de : il s’agit du verbe pronominal « se garder de », conjugué au passé-simple. Il signifie « s’abstenir de dire quelque chose, ne pas révéler quelque chose »

Poignets : le poignet est l’articulation qui réunit l’avant-bras et la main.

J’enlaçai : il s’agit du verbe « enlacer » conjugué au passé-simple. Il signifie « serrer quelqu’un dans ses bras ».

Je me colletais* : il s’agit du verbe pronominal « se colleter » conjugué à l’imparfait. Il signifie « se battre, en venir aux mains avec une personne ».

Rumeur : une rumeur est une nouvelle sans certitude, qui se propage, qui se répand de bouche à oreille.

Un manant : ce terme est dans le texte très péjoratif. Il désigne une personne mal élevée, grossière.

Bougre d’imbécile : « bougre de » est une expression péjorative, elle signifie « espèce de ». Ici, espèce d’imbécile.

Ébahis : l’adjectif “ébahi” signifie “très étonné, surpris”

Que comptes-tu faire ? : l’expression « compter + infinitif » signifie « avoir l’intention de » autrement dit « qu’as-tu l’intention de faire ? » ou « que vas-tu faire ? ».

En vain : « en vain » signifie “ne pas réussir au résultat que l’on souhaitait ». Cette locution peut être remplacé par l’adverbe “inutilement”.

Ivrogne* : un ivrogne est une personne alcoolique, qui a l’habitude de boire beaucoup.

Tirer d’affaire* : cette expression signifie « se sortir d’une mauvaise situation ».

Je fus avisé : être avisé conjugué au passé-simple signifie « être averti, être mis au courant ».

Agréée* : il s’agit du participe passé du verbe « agréer » qui signifie « approuvé, accepté ». On l’utilise beaucoup dans les formules de politesse à la fin d’une lettre formelle « Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments respectueux ».

Les bans : un ban de mariage est une notification publiée à la mairie pour annoncer un mariage.

Faire-part : un faire-part est un texte ou un courrier envoyé à ses amis, à la famille ou encore à ses collègues, pour les prévenir d’un événement  (mariage, baptême…).

Je consentais* : il s’agit du verbe « consentir » conjugué à l’imparfait. Il signifie « accepter », « être d’accord ».

Mes résolutions : une résolution est un acte réfléchi que l’on décide volontairement d’accomplir.

Loterie* : une loterie est un jeu de hasard ou d’argent.

 

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هر هفته این تمرین را برای یک داستان انجام داده و لغات داستان هفته گذشته را که یادداشت کرده اید، چندیدن بار مرور کنید

پس از پایان داستان های هر سطح، به عنوان مثال مقدماتی، یک هفته به خود استراجت داده و در هفته بعدی، تنها لغاتی را که از داستان های این سطح یادداشت کرده اید، مرور نمایید.

بعد از یک ماه از اتمام سطح اول، مجدد به داستان های سطح مربوطه مراجعه کرده و این بار هر روز یک داستان را گوش  کرده و لغت هایش را مرور نمایید.

 

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Ma femme

C’était à la fin d’un dîner d’hommes, d’hommes mariés, anciens amis, qui se réunissaient quelquefois sans leurs femmes, en garçons, comme jadis. On mangeait longtemps, on buvait beaucoup ; on parlait de tout, on remuait des souvenirs vieux et joyeux, ces souvenirs chauds qui font, malgré soi, sourire les lèvres et frémir le cœur. On disait :

– Te rappelles-tu, Georges, notre excursion à Saint-Germain avec ces deux fillettes de Montmartre ?

– Parbleu ! Si je me le rappelle.

Et on retrouvait des détails, et ceci et cela, mille petites choses, qui faisaient plaisir encore aujourd’hui.

On vint à parler du mariage, et chacun dit avec un air sincère : « Oh ! si c’était à recommencer !… » Georges Duportin ajouta : « C’est extraordinaire comme on tombe là-dedans facilement. On était bien décidé à ne jamais prendre femme ; et puis, au printemps on part pour la campagne ; il fait chaud ; l’été se présente bien ; l’herbe est fleurie ; on rencontre une jeune fille chez des amis… v’lan ! C’est fait. On revient marié. »

Pierre Létoile s’écria : « Juste ! C’est mon histoire, seulement j’ai des détails particuliers… »

 Son ami l’interrompit : « Quant à toi ne te plains pas. Tu as bien la plus charmante femme du monde, jolie, aimable, parfaite ; tu es, certes, le plus heureux de nous. »

L’autre reprit :

– Ce n’est pas ma faute.

– Comment ça ?

– C’est vrai que j’ai une femme parfaite ; mais je l’ai bien épousée malgré moi.

– Allons donc!

   – Oui… Voici l’aventure. J’avais trente-cinq ans, et je ne pensais pas plus à me marier qu’à me pendre. Les jeunes filles me semblaient insipides et j’adorais le plaisir.

Je fus invité, au mois de mai, à la noce de mon cousin Simon d’Érabel, en Normandie. Ce fut une vraie noce normande. On se mit à table à cinq heures du soir ; à onze heures on mangeait encore. On m’avait accouplé, pour la circonstance, avec une demoiselle Dumoulin, fille d’un colonel en retraite, jeune personne blonde et militaire, bien en forme, hardie et verbeuse.

Elle m’accapara complètement pendant toute la journée, m’entraîna dans le parc, me fit danser bon gré mal grém’assomma.

Je me disais : « Passe pour aujourd’hui, mais demain je file. Ça suffit. »

Vers onze heures du soir, les femmes se retirèrent dans leurs chambres ; les hommes restèrent à fumer en buvant, ou à boire en fumant, si vous aimez mieux.

Par la fenêtre ouverte on apercevait le bal champêtreRustres et rustaudes sautaient en rond, en hurlant un air de danse sauvage qu’accompagnaient faiblement deux violonistes et une clarinette placés sur une grande table de cuisine en estrade.

Le chant tumultueux des paysans couvrait entièrement parfois la chanson des instruments ; et la frêle musique, déchirée par les voix déchaînées, semblait tomber du ciel en lambeaux, en petits fragments de notes éparpillées.

Deux grandes barriques, entourées de torches flambantes, versaient à boire à la foule. Deux hommes étaient occupés à rincer les verres ou les bols dans un baquet pour les tendre immédiatement sous les robinets d’où coulaient le filet rouge du vin ou le filet d’or du cidre pur ; et les danseurs assoiffés, les vieux tranquilles, les filles en sueurs se pressaient, tendaient les bras pour saisir à leur tour un vase quelconque et se verser à

grands flots dans la gorge, en renversant la tête, le liquide qu’ils préféraient.

Sur une table on trouvait du pain, du beurre, des fromages et des saucisses.

Chacun avalait une bouchée de temps à autre : et sous le champ de feu des étoiles, cette fête saine et violente faisait plaisir à voir, donnait envie de boire aussi au ventre de ces grosses futailles et de manger du pain ferme avec du beurre et un oignon cru.

 Un désir fou me saisit de prendre part à ces réjouissances, et j’abandonnai mes compagnons.

J’étais peut-être un peu gris , je dois l’avouer ; mais je le fus bientôt tout à fait.

J’avais saisi la main d’une forte paysanne essoufflée, et je la fis sauter éperdument jusqu’à la limite de mon haleine.

Et puis je bus un coup de vin et je saisis une autre gaillarde. Pour me rafraîchir ensuite, j’avalai un plein bol de cidre et je me remis à bondir comme un possédé.

J’étais souple ; les gars, ravis, me contemplaient en cherchant à m’imiter ; les filles voulaient toutes danser avec moi et sautaient lourdement avec des élégances de vaches.

Enfin, de ronde en ronde, de verre de vin en verre de cidre, je me trouvai, vers deux heures du matin, pochard à ne plus tenir debout.

J’eus conscience de mon état et je voulus gagner ma chambre. Le château dormait, silencieux et sombre.

Je n’avais pas d’allumettes et tout le monde était couché. Dès que je fus dans le vestibule, des étourdissements me prirent ; j’eus beaucoup de mal à trouver la rampe ; enfin, je la rencontrai par hasard, à tâtons, et je m’assis sur la première marche de l’escalier pour tâcher de classer un peu mes idées.

Ma chambre se trouvait au second étage, la troisième porte à gauche. C’était heureux que je n’eusse pas oublié cela. Fort de ce souvenir, je me relevai, non sans peine, et je commençai l’ascension, marche à marche, les mains soudées aux barreaux de fer pour ne point choir, avec l’idée fixe de ne pas faire de bruit.

Trois ou quatre fois seulement mon pied manqua les degrés et je m’abattis sur les genoux, mais grâce à l’énergie de mes bras et à la tension de ma volonté, j’évitai une dégringolade complète.

Enfin, j’atteignis le second étage et je m’aventurai dans le corridor, en tâtant les murailles. Voici une porte ; je comptais : « Une » ; mais un vertige subit me détacha du mur et me fit accomplir un circuit singulier qui me jeta sur l’autre cloison.

Je voulus revenir en ligne droite. La traversée fut longue et pénible. Enfin je rencontrai la côte que je me mis à longer de nouveau avec prudence et je trouvai une autre porte. Pour être sûr de ne pas me tromper, je comptai encore tout haut : « Deux » ; et je me remis en marche.

Je finis par trouver la troisième. Je dis : « Trois, c’est moi » et je tournai la clef dans la serrure. La porte s’ouvrit. Je pensai, malgré mon trouble : « Puisque ça s’ouvre c’est bien chez moi. » Et je m’avançai dans l’ombre après avoir refermé doucement.

Je heurtai quelque chose de mou : ma chaise longue. Je m’étendis aussitôt dessus.

Dans ma situation, je ne devais pas m’obstiner à chercher ma table de nuit, mon bougeoir, mes allumettes. J’en aurais eu pour deux heures au moins. Il m’aurait fallu autant de temps pour me dévêtir ; et peut-être n’y serais-je pas parvenu. J’y renonçai.

J’enlevai seulement mes bottines ; je déboutonnai mon gilet qui m’étranglait, je desserrai mon pantalon et je m’endormis d’un invincible sommeil.

Cela dura longtemps sans doute. Je fus brusquement réveillé par une voix vibrante qui disait, tout près de moi : « Comment, paresseuse, encore couchée? Il est dix heures, sais-tu ? »

Une voix de femme répondit : « Déjà ! J’étais si fatiguée d’hier. »

Je me demandais avec stupéfaction ce que voulait dire ce dialogue.

Où étais-je ? Qu’avais-je fait ?

Mon esprit flottait, encore enveloppé d’un nuage épais.

La première voix reprit : « Je vais ouvrir tes rideaux. »

Et j’entendis des pas qui s’approchaient de moi. Je m’assis tout à fait éperdu. Alors une main se posa sur ma tête. Je fis un brusque mouvement. La voix demanda avec force : « Qui est là ? » Je me gardai bien de répondre. Deux poignets furieux me saisirent.

A mon tour j’enlaçai quelqu’un et une lutte effroyable commença. Nous nous roulions, renversant les meubles, heurtant les murs.

La voix de femme criait effroyablement : « Au secours, au secours ! »

Des domestiques accoururent, des voisins, des dames affolées. On ouvrit les volets, on tira les rideaux. Je me colletais avec le colonel Dumoulin !

J’avais dormi auprès du lit de sa fille.

Quand on nous eut séparés, je m’enfuis dans ma chambre, abruti d’étonnement. Je m’enfermai à clef et je m’assis, les pieds sur une chaise, car mes bottines étaient demeurées chez la jeune personne.

J’entendais une grande rumeur dans tout le château, des portes ouvertes et fermées, des chuchotements, des pas rapides.

Au bout d’une demi-heure on frappa chez moi. Je criai : « Qui est là ? » C’était mon oncle, le père du marié de la veille. J’ouvris.

Il était pâle et furieux et il me traita durement : « Tu t’es conduit chez moi comme un manant, entends-tu ? » Puis il ajouta d’un ton plus doux : « Comment, bougre d’imbécile, tu te laisses surprendre à dix heures du matin! Tu vas t’endormir comme une bûche dans cette chambre au lieu de t’en aller aussitôt… aussitôt après. »

Je m’écriai : « Mais, mon oncle, je vous assure qu’il ne s’est rien passé… Je me suis trompé de porte, étant gris. »

 Il haussa les épaules : « Allons ne dis pas des bêtises. » Je levai la main : « Je vous le jure sur mon honneur. » Mon oncle reprit : « Oui, c’est bien. C’est ton devoir de dire cela. »

A mon tour, je me fâchai, et je lui racontai toute ma mésaventure. Il me regardait avec des yeux ébahis, ne sachant pas ce qu’il devait croire.

Puis il sortit conférer avec le colonel.

J’appris qu’on avait formé aussi une espèce de tribunal de mères, auquel étaient soumises les différentes phases de la situation.

Il revint une heure plus tard, s’assit avec des allures de juge, et commença : « Quoi qu’il en soit, je ne vois pour toi qu’un moyen de te tirer d’affaires, c’est d’épouser Mlle Dumoulin. »

Je fis un bond d’épouvante :

– Quant à ça, jamais par exemple !

Il demanda gravement : « Que comptes-tu donc faire ? »

Je répondis avec simplicité : « Mais… m’en aller, quand on m’aura rendu mes bottines. »

Mon oncle reprit : « Ne plaisantons pas, s’il te plaît. Le colonel est résolu à te brûler la cervelle dès qu’il t’apercevra. Et tu peux être sûr qu’il ne menace pas en vain. J’ai parlé d’un duel, il a répondu : « Non, je vous dis que je lui brûlerai la cervelle. »

« Examinons maintenant la question à un autre point de vue.

« Ou bien tu as séduit cette enfant et, alors, c’est tant pis pour toi, mon garçon, on ne s’adresse pas aux jeunes filles.

« Ou bien tu t’es trompé étant gris, comme tu le dis. Alors c’est encore tant pis pour toi. On ne se met pas dans des situations aussi sottes. De toute façon, la pauvre fille est perdue de réputation, car on ne croira jamais à des explications d’ivrogne. La vraie victime, la seule victime là-dedans, c’est elle. Réfléchis. »

Et il s’en alla pendant que je lui criais dans le dos : « Dites tout ce que vous voudrez. Je n’épouserai pas. »

Je restai seul encore une heure.

Ce fut ma tante qui vint à son tour. Elle pleurait. Elle usa de tous les raisonnements. Personne ne croyait à mon erreur. On ne pouvait admettre que cette jeune fille eût oublié de fermer sa porte à clef dans une maison pleine de monde. Le colonel l’avait frappée. Elle sanglotait depuis le matin. C’était un scandale terrible, ineffaçable.

Et ma bonne tante ajoutait : « Demande-la toujours en mariage ; on trouvera peut-être moyen de te tirer d’affaires en discutant les conditions du contrat. »

Cette perspective me soulagea. Et je consentis à écrire ma demande. Une heure après je repartais pour Paris.

Je fus avisé le lendemain que ma demande était agréée.

 

Alors, en trois semaines, sans que j’aie pu trouver une ruse, une défaite, les bans furent publiés, les lettres de faire-part envoyées, le contrat signé, et je me trouvai, un lundi matin, dans le chœur d’une église illuminée, à côté d’une jeune fille qui pleurait, après avoir déclaré au maire que je consentais à la prendre pour compagne… jusqu’à la mort de l’un ou de l’autre.

Je ne l’avais pas revue, et je la regardais de côté avec un certain étonnement malveillant. Cependant, elle n’était pas laide, mais pas du tout. Je me disais : « En voilà une qui ne rira pas tous les jours. »

Elle ne me regarda point une fois jusqu’au soir, et ne me dit pas un mot.

Vers le milieu de la nuit, j’entrai dans la chambre nuptiale avec l’intention de lui faire connaître mes résolutions, car j’étais le maître maintenant.

Je la trouvai, assise dans un fauteuil, vêtue comme dans le jour, avec les yeux rouges et le teint pâle. Elle se leva dès que j’entrai et vint à moi gravement.

« Monsieur, me dit-elle, je suis prête à faire ce que vous ordonnerez. Je me tuerai si vous le désirez. »

Elle était jolie comme tout dans ce rôle héroïque, la fille du colonel. Je l’embrassai, c’était mon droit.

Et je m’aperçus bientôt que je n’étais pas volé.

Voilà cinq ans que je suis marié. Je ne le regrette nullement encore.

Pierre Létoile se tut. Ses compagnons riaient. L’un d’eux dit : « Le mariage est une loterie; il ne faut jamais choisir les numéros, ceux de hasard sont les meilleurs. »

Et un autre ajouta pour conclure : « Oui, mais n’oubliez pas que le dieu des ivrognes avait choisi pour Pierre. »

تهیه و تنظیم: میلاد عاصمی پور

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